En plein cœur de Barbès à Paris, une grande vitrine, des murs fluo qui donnent envie d’entrer : on est devant le premier salon de beauté « social ». Celui de l’association Joséphine où des bénévoles accueillent des femmes démunies. Ateliers esthétiques ou prêt de vêtements, tout est fait pour les préparer à un entretien d’embauche. Ibtissame, 33 ans, a poussé la porte du salon il y a deux ans. Elle raconte :
« Je ne savais pas que ce genre de salon existait. Mon BTS en vente et production touristique en poche, je ne trouve pas de travail, j’envoie des centaines de mails, aucune réponse. Je vis avec mes parents et mes trois frères, et comme je suis la seule sans emploi, ils pensent que je peux tout faire à la maison. Un jour, ma conseillère RSA me parle du salon Joséphine, pour que je m’occupe de moi. Le site m’inspire confiance, je prends rendez-vous. Je suis accueillie avec beaucoup d’humanité. Comme une cliente, pas une assistée. Mes cheveux frisés ont besoin d’une couleur. Mehdi, coiffeur professionnel, me rassure et me fait aussi une super coupe. C’est du travail de pro à un prix très accessible : 3?€ la coiffure. Le reste, c’est pareil : 1?€ la manucure, l’épilation et les autres soins. Et les consultations de psychologie, de gynécologie, la sophrologie, le yoga et le conseil en image, c’est gratuit. Je m’inscris à l’atelier de préparation aux entretiens. J’apprends ce qu’il faut dire ou non, et comment montrer ma motivation. C’est là que Koura, la coordinatrice, me parle d’un poste dans un comité d’entreprise. Pour la première fois, je vais confiante à un entretien, et je suis embauchée ! J’étais venue pour mes cheveux et finalement tout a changé. Grâce à Joséphine, je me suis ouverte au monde, j’ai appris à croire en moi et j’ai rencontré des gens qui me respectent. Aujourd’hui je vis en colocation, et je suis prête à réaliser mon rêve : publier mon roman. »
Sans eux, Joséphine n’existerait pas
Lucia Iraci, fondatrice : « Je veux donner à ces femmes les moyens de se réapproprier leur vie. Je revendique le droit à la beauté comme il y a le droit au logement, à la nourriture et au travail. J’aime le salon parce qu’on entre dans un lieu de beauté, pas dans une association. »
Koura, assistante sociale et coordinatrice du salon : « Les femmes sont en sécurité ici et ne seront jamais jugées. J’écoute et je mesure le degré d’urgence. Après huit ans au Samu Social, je sais faire ! Et si elles sont là, c’est qu’elles ont fait le premier pas, le plus important. »
Mehdi, coiffeur professionnel : « Je travaillais dans la mode et j’ai découvert l’association par une émission télé. Très vite, j’ai rejoint l’aventure : je suis devenu socio-coiffeur et mon travail a du sens. »
Jean-Charles, chargé du développement du salon : « Cette femme, qui avait subi des violences conjugales, avait réussi à divorcer mais se retrouvait avec ses cinq enfants, sans emploi, et trois lignes sur son CV : c’était ce qu’on appelle un challenge. Quand elle a retrouvé du travail, j’ai su que je ne quitterais jamais l’association. »
Charlotte, responsable du dressing : « On parle couleurs, morphologie, petits trucs pour se mettre en valeur et se sentir à l’aise. Je leur répète sans cesse : “Votre image est à vous, redevenez maîtresse de vous-même.” »
Une belle aventure
Depuis son ouverture en 2011, le salon parisien a accueilli plus de 3 000 femmes. 20?% d’entre elles ont retrouvé du travail, et un deuxième salon de beauté social a ouvert à Tours. En 2014, d’autres salons devraient voir le jour. Pour soutenir cette association, faites vos dons sur josephinebeaute.fr.
Sur la photo : Lucia Iraci, fondatrice de l’association Joséphine.
Source Article from http://www.cosmopolitan.fr/,la-beaute-pour-toutes-avec-l-association-josephine,1888733.asp
Source : Cosmopolitan.fr : BEAUTÉ
